La poêle à frire est un des meilleurs exemples de récupération d'objets usuels et "détournement" brésiliens. On préférera une poêle de petite taille (environ 12 cm de diamètre, poêle à blinis ou "pan cake") sans fond épais, moins lourde, et en acier inox massif sans revêtement, pour la résonance et la solidité. Elle est généralement frappée par une baguette en acier mais on peut aussi utiliser une baguette en bois (moins sonore). La technique de jeu ressemble à celle du tamborim et du triangle réunis et consiste à faire deux frappes en aller, sur le fond, et une en retour, contre le rebord, en faisant pivoter la poêle avec le manche.
Ce rythme ternaire ne doit pas être joué en triolet, mais dans le débit de note binaire normal, ce qui implique un "4 pour 3" (4 accents en 3 temps (joué par "frigideira") pour 3 accents en quatre temps (joués par ganza, rocar, surdo de marcation, etc.)). Ce rythme est un des plus déroutants de la polyrythmie brésilienne, car il implique réellement une mesure distincte de tous les autres instruments (qui jouent dans une mesure à 2 ou 4 temps), et "flotte" toujours ailleurs de la carrure traditionnelle, binaire. C'est ce qui donne une impression de "swing" au sens littéral du terme, c'est-à-dire un effet "tournant". Certaines musiques africaines (Voduns, Bénin), jazz (dans les solos de batterie comme ceux de Gene Krupa), contemporaines (Steve Reich) ou techno (Jeff Mills), exploitent ce procédé assez rare et difficile à "penser" pour un musicien. Pour les instrumentistes "matheux". Attention les danseurs!
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