(9 tambours, 9 cymbales, 1 cloche, 1 double pédale)
Un premier set vraiment imposant apprécié de batteurs virtuoses des années 1990 : Jack de Johnette (Keith Jarrett) pour le free groove mais avec grosse caisse jazz de 18", Mike Portnoy (Dream Theater) pour le métal et le rock progressif, avec l'ajout de 2 timbales latines à gauche à la place de la caisse claire piccolo (à un moment), Lars Ulrich (Metallica), à un moment mais avec encore des crashs remplaçant les splashs ici, pour le heavy metal, Simon Philips (Toto, Judas Priest) pour la prog metal rock et le jazz fusion (avec en plus un charleston suspendu de 10", un tom basse 18" (parfois) et une grosse caisse « gong » de 20" à droite (une chinoise de 22" remplaçant la ride, une crash de 19" la splash et une crash de 18", la chinoise) et 4 toms tubulaires (« octoban ») placés en carré au dessus de la caisse claire piccolo, et une chinoise et une ride de 22" (jouée en gaucher, décroisée, au dessus du charleston, placé plus bas, en dessous du dernier tom) à la place des crashs, à gauche (mais ce n'est pas le seul type de set qu'il a utilisé)) et Joey Jordison (Slipknot) pour le metal, avec l'addition d'un charleston suspendu de 13" à gauche et au dessus de la ride, une ou deux chinoises au dessus de la première et une au dessus du charleston de gauche, un tom basse de 14" au lieu de la caisse claire piccolo , les deux autres étant de 16" et 18", deux cymbales grecques dont une énorme de 13" («Signature Mega cup chime ») placée à l'extrême droite, et enfin, ses crashs sont disposées en descente de gauche à droite.
Remarquez le tom le plus aigu (soprano) qui passe sous les cymbales du charleston et non au dessus, ce qui le rapproche de la caisse claire mais éloigne le charleston (c'est ce que fait spécifiquement Jack de Johnette).
La descente de toms (avec un alignement parfait) est ici impressionnante et commence à privilégier un jeu vraiment mélodique sur les tambours. Jack de Johnette et Terry Bozzio se vantent d'ailleurs d'accorder les peaux de leurs tambours avec des tonalités précises, comme s'il s'agissait d'un instrument mélodique comme un autre.
Idem pour les cymbales, avec une disposition en zigzag du centre vers l'extérieur, qui permet un arpège en frisé (en alternant une main par cymbale). Tous les batteurs ne font pas ainsi mais moi, je trouve cela très intéressant. C'est une idée beaucoup exploitée par Terry Bozzio, qui se sert de ses cymbales chinoises comme d'un clavier. Il a d'ailleurs conçu des cymbales chinoises spécialement pour lui, qui sont plus épaisses et partiellement ciselées, pour donner des notes plus précises et sèches (cymbales " Radia " chez Sabian).
Avec deux grosses caisses, au lieu d'une double pédale, on peut disposer une paire de toms suspendus par grosse caisse (avec une fixation double de grosse caisse), ce qui crée une symétrie fort ergonomique et esthétique. Cette symétrie privilégie un jeu en prise timbalier (symétrique, comme des marteaux), qui permet à ces batteurs de passer allègrement de l'impulsion des doigts, à celle du poignet, du bras, voire de l'épaule. Cette possibilité amène des dynamiques variées comme jamais, et ils ne s'en privent pas.
Remarquez aussi la symétrie de la disposition des cymbales mais légèrement décalée vers la droite, le charleston faisant pendant à la ride, placées, de part et d'autres des toms suspendus (à même hauteur) et en dessous des autres cymbales, alignées elles, comme un clavier, ce qui permet de faire des frisés continus en passant facilement de l'une à l'autre (une spécialité de Jack de Johnette, pour créer des ambiances sonores, notamment avec des mailloches). Si on ajoute la ligne des caisses claires et des tom basses, tout en dessous, cela donne 3 lignes d'instruments clairement distinctes, en arc de cercle.
Notez à ce propos que plus on monte, plus l'orientation des peaux et des cymbales est inclinée vers la verticale, pour conservez le même angle de frappe avec les baguettes, à la manière d'une sorte de clavier en 3 dimensions. L'effet qui en résulte est aussi superbe que pratique. C'est un bel exemple de " fonctionnalisme " de type architectural appliqué à un instrument de musique qui, par la cohérence de sa disposition, nous donne à voir un ensemble d'instruments disparates enfin unifiés et ordonnés (un peu à la manière des tubes d'un orgue), ce qui n'est évidemment pas sans conséquences sonores. Je me permet d'insister ici sur le caractère tridimensionnel de la perception de la batterie (grâce à la stéréophonie) et quelque soit le set d'ailleurs, car chaque instrument est clairement localisable par rapport à l'autre. Le set agit donc bien de manière directe sur le résultat musical, quelque soient les gestes qu'il induit. La partition classique est bien inapte à rendre cet effet, qui varie donc d'un set à l'autre pour la même composition polyphonique.
Enfin, notez l'absence de charleston suspendu, certains batteurs de métal préférant la battue du hi hat ouvert ou de la ride, quand ils jouent la double pédale en indépendance (comme Lars Ulrich ou Mike Portnoy, par exemple) et d'autres batteurs ne se servant pas de double pédale avec cette configuration, comme Jack de Johnette.
Marc De Douvan, mars 2006, augmentation: mars 2015.
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