English: : : Leçons : : Concevoir son set de batterie : Set 4 : Rock standard, free jazz

Set 4 : Rock standard, free jazz

(5 tambours, 5 cymbales)

Set 4 : Rock standard, free jazz
  • Légende
    • 1 : Charleston 14''
    • 2 : Crash 16''
    • 3 : Crash 18''
    • 4 : Ride 20''
    • a : Caisse claire 14 x 6,5'' ou 5"
    • b : Tom suspendu aigu (ou ténor) 12''
    • c : Tom suspendu medium (ou baryton) 13''
    • d : Tom basse (floor tom) 16''
    • e : Grosse caisse 22'' ou 20"

C'est le set que l'on trouve aujourd'hui le plus couramment en kit commercialisé (et donc économique) ou en studio de répétition car il correspond à une sorte de moyenne. C'est le set le plus passe-partout, qui permettra à n'importe quel batteur de trouver ses marques (et puis rien n'empêche de retirer des instruments pour approcher les sets 1, 2 ou 3). Il est apparu avec l'invention de la fixation de tom double sur fût de grosse caisse, dans les années 1960.

Les explications précédentes et suivantes doivent néanmoins vous convaincre que cette forme de set n'a aucune raison de se figer et personnellement je suis contre, car cela appauvrirait la richesse musicale spécifique de la batterie et y mettrait des barrières totalement injustifiées. Le goût de la normalité et le conformisme sont les premiers ennemis de l'art, car la création artistique n'a rien à voir avec la création scientifique (qui modifie profondément la nature des choses, ce qui lui confère un caractère presque " divin "), mais se nourrit au contraire des écarts et des transgressions de règles et conventions artificielles et superflues (comme celles qui fondent le set standard). C'est ce qui donne ce caractère purement représentatif très bien décrit par Nietzsche dans ce qu'il nomme l'aspect " apollinien " de l'art (dans " Naissance de la tragédie ", un ouvrage de philosophie de l'art incontournable). Comme l'art, le soleil ne peut pas se regarder de manière directe et pourtant nous révèle toute chose du monde comme aucun autre objet ne peut le faire. C'est sans doute pourquoi les grecs de l'antiquité associaient le même dieu, Apollon, à la fois au soleil et aux arts.

Un copiste n'est pas un artiste, c'est un technicien. Je suis toujours effaré de la propension de nombreux musiciens français actuels (je parle de ceux que je connais) à confondre le mot " technique " et le mot " pratique " et ce, dans un sens péjoratif, alors que c'est aussi une spécificité de l'art et par contre, et souvent dans le même temps (ce qui est aggravant), à se considérer comme artistes à part entière en se contentant de réciter fidèlement des leçons et des partitions apprises par d'autres et notamment des artistes de plus de deux siècles (qui étaient pourtant de vrais artistes virtuoses et créateurs, eux, par contre). C'est d'ailleurs ce constat alarmant, qu'on ne trouve pourtant pas en arts plastiques (qui sont confrontés à d'autres types de problèmes dus aux contraintes plus intrinsèques du média), qui a beaucoup motivé l'écriture de ce site. Il est vrai aussi que la qualité éphémère de la musique suffit souvent à justifier auprès de certains, de la qualité créative d'une œuvre musicale. C'est à mon avis une vision d'ignorant ou d'angéliste, qui finit par amalgamer le génie et le vulgaire, voire pire, à mettre le vulgaire en avant, en vertu de sa supériorité quantitative (supériorité pourtant intrinsèque si l'on emploie le mot " vulgaire " au sens de " commun ", " répandu ") et d'une vision anti-élitiste primaire (palmarès des meilleurs ventes, présentées comme garanties presque démocratiques de qualité ; pour ma part, comme Charles Baudelaire, j'ai tendance à penser qu'il s'agit plus d'une garantie naturelle de médiocrité, sauf exceptions confirmant la règle ; le jugement de la qualité objective d'une oeuvre d'art, est et sera toujours une affaire d'experts, comme pour n'importe quelle discipline rationnelle (cela n'exclut pas la consommation d'œuvres vulgaires, mais il ne faut pas confondre les buts : c'est ce que Nietzsche appelle l'art dionysiaque, l'art destiné à la transe, autrement dit qui cherche à susciter l'ivresse (Dionysos = dieu du vin)).

Bref, je pense qu'il n'y a pas grand chose à dire d'intéressant techniquement, sur ce set banal, dont vous avez compris le peu de bien que je pense de son utilisation. Malgré tout, il faut dire que utiliser un outil banal a l'avantage de mettre en valeur le jeu seul de l'artiste et cela nécessite souvent justement, un type de jeu plus original pour que l'artiste s'impose.

C'est pourquoi je peux néanmoins citer l'exemple de quelques batteurs déjà historiques et de ma préférence, qui utilisent un set assez proche et qui témoignent de cette qualité : Max Roach (à la fin de sa vie) pour le free jazz, Manu Katché (Sting, Jan Garbarek) pour le pop-rock et jazz-rock (en ajoutant des splashs néanmoins), John " Jabo " Starks et Clyde Stubblefield (James Brown) pour le funk et enfin André Ceccarelli (qui fut longtemps aussi un batteur de rock) et Peter Erskine (parfois pour ce dernier) pour le jazz contemporain.

Enfin, notez que ce set met quand même en avant une marque de fabrique du rock : la descente de toms, car en alignant deux toms suspendus au dessus de la grosse caisse, on crée un lien continu entre caisse claire et tom basse (les cercles entre chaque tambour se touchent presque (à ce propos, il est important de rappeler pour les néophytes que deux tambours ne doivent absolument pas se toucher et qu'il faut même prévoir au moins deux centimètres d'espace entre chaque tambour pour qu'ils puissent vibrer librement)).

Remonter

Personnellement je préfère cette disposition de base (pour cette raison) à celle où une cymbale s'intercale entre deux toms (même si cela rend cette cymbale plus accessible (généralement une ride ou un hi-hat suspendu), il faut bien faire des choix).

Marc De Douvan, mars 2006, augmentation: mars 2015.

© 2005 Marc de Douvan Crédits Mentions légales