La clave ou les claves, sont deux cylindres de bois plein frappés l'un contre l'autre (généralement en bois exotique, plus dense et plus résonant (acajou, teck, palissandre, ébène, etc.), voire en résine). Peut-être l'instrument de percussion le plus primitif (à l'origine deux bouts de bois morts, comme chez les aborigènes d'Australie), son maniement n'est pas si évident, même s'il s'apparente à la frappe des mains l'une contre l'autre.
Le joueur de clave doit prendre les instruments du bout des doigts pour accentuer leur résonance. On peut aussi faire un creux avec la main porteuse d'une clave, pour créer une caisse de résonance, et frapper avec l'autre comme on tiendrait une baguette. Certaines claves sont asymétriques, une des deux étant plus grosse et creuse, avec une ouverture longitudinale (un peu comme un "wood block" ou un "tambour de bois" africain (tronc d'arbre creux frappé par baguettes servant à communiquer d'un village à l'autre)).
Le rythme cubain de la clave est originaire du Bénin et se développe sur une mesure à quatre temps (16 double croches en mesure 4/4). Il est basé sur le principe du décalage en 3 pour 4 (comme la biguine africaine ou la bossa-nova brésilienne), c'est-à-dire, l'exécution d'un rythme à trois temps sur un rythme à quatre temps. Seul rythme absolument répétitif se développant sur la durée d'une mesure, de la polyrythmie afro-cubaine, il sert souvent de repère (d'où son nom cubain: "clave", qui signifie "clef" en espagnol). C'est pourquoi ce rythme sert souvent aussi de figure de démarrage ou d'arrêt, joué par un autre instrument ou à l'unisson.
Il existe deux figures de clave qui ne divergent que par le décalage d'une seule note (la troisième):
Il est existe une autre manière de varier la clave, compte tenu du fait que certains rythmes de la polyrythmie sont basés sur une mesure à deux temps (biguine, tumbao, rumba, etc...). On appelle cela, jouer "à l'envers", en décalant le rythme d'une moitié de mesure 4/4. Les deux claves commence donc par un silence:
On nomme également cette distinction en comptant le nombre de coups par mesure 2/4 (à deux temps): clave 3-2 ou 3+2, dans le cas normal, et 2-3 ou 2+3, pour la clave à l'envers (certains écrivent 2:3 ou 2/3 mais cette écriture sous forme de fraction peut être confondue avec une indication de mesure, qui est bien une fraction).
Une autre manière de penser la clave consiste à condenser les subdivisions du temps pour la jouer plus vite. C'est un concept présent également en musique mandingue et maghrebine qui utilisent fréquemment l'accelerando progressif. Au lieu de décomposer chaque temps en 4 double croches, on le décompose en 3 croches en triolet (la clave de son 3+2 par exemple, devient alors: 121212312123).
Certains joueurs de timbales jouent les rythmes de la clave sur un "wood-block" ou une cloche en indépendance (comme "Changuito"), et certains batteurs modernes jouent la clave au pied gauche avec une cloche ou un "jam-block" monté sur stand, et frappé par pédale de grosse caisse (Horacio "El Negro" Hernandez, Akira Jimbo, Robby Ameen, Alex Acuna ou moi-même (écouter deux solos: un solo audio de 2004 et un solo video de 2016)). L'initiateur de cette technique semble être à nouveau Tito Puente, qui jouait également de la batterie de jazz, comme le montre la méthode qui lui a été consacrée juste avant sa mort ("Tito Puente's drumming with the Mambo King", Tito Puente et Jim Payne, Hudson Music, 2000, édité en anglais seulement (import)).
Ma méthode de batterie pour niveau avancé "Retour aux sources" (2008) consacre un chapitre entier pour maîtriser le jeu improvisé avec clave au pied gauche, avec beaucoup de relevés originaux de ce jeu chez Horacio Hernandez (non présents dans sa méthode, grâce à une analyse de sa vidéo au Modern Drummer Festival de 1997, en duo avec John Patitucci) mais aussi une approche pédagogique et des phrases musicales originales tirées de ma propre pratique.
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