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Les timbales

Les timbales cubaines constituent un dérivé des timbales classiques européennes d'orchestre symphonique, qui étaient d'ailleurs utilisées telles quelles, à l'origine, à Cuba. Les timbales classiques sont ces tambours à fût demi-sphériques en cuivre, joués par mailloches et originaires de Mongolie. On plaçait une timbale à chaque flanc d'une monture, cheval ou chameau, au temps des conquêtes de Gengis Kahn, et elles servaient à signaler les embuscades et retraites.

La notion de paire de timbales est restée, mais certains virtuoses, comme Tito Puente ("El Rei" du mambo), jouaient ou jouent, sur un set de cinq timbales de tailles différentes (d'un diamètre de 12'' à 16"). Il existe même ce que l'on appelle des mini-timbales ou "timbalitos", de 6 à 10'' de diamètre.Le principe de la simple peau de frappe est restée, mais les timbales latines sont aujourd'hui toutes à fûts cylindriques, souvent en acier ou aluminium chromé ou peint, voire en cuivre (son plus riche, puissant et typique), et même en bois. C'est ce qui en fait des instruments originaux. Le cercle aussi à changé, pour se rapprocher des cercles de caisse claire, mais il est parfois plus fin et est muni de seulement six tirants à vis, en général. Les timbales latines ressemblent donc en gros à des caisses claires dont on aurait enlevé la peau de dessous (de résonance) avec son cercle, et ses tirants. Le fût est en plus généralement profond, ce qui permet d'exploiter une technique spécifique des timbales latines: le jeu contre le fût, qui donne un son sec et aigu (un peu comme un guiro).

Le joueur de timbales utilise généralement une cloche de vache ("cow-bell" en anglais ou "campana" en espagnol) de forme allongée, que l'on peut appeler "cloche de timbale" ("timbale bell") et qui est montée sur une tige métallique placée au centre, entre les deux fûts. Il peut posséder plusieurs cloches et aussi des wood-blocks, placés sur cette même tige, en "rang d'oignons", et aussi souvent une cymbale polyvalente, surtout en salsa (cymbale "crash-ride", grande et fine), pour remplacer le son du batteur de jazz (la salsa s'inspire parfois du "Cubop", le latin jazz des origines inventé par Dizzy Gillespie, qui intégrait un batteur de jazz (moderne) et un conguero).

Le joueur de timbales joue debout, et pour ce faire, les deux timbales sont surélevées par un stand unique, par paire de timbales.

Les baguettes de timbales sont également originales. Elles ont sans doute été conçues en dérivant et en simplifiant la forme des baguettes de caisse claire. Elles sont plus fines et sans olives, et se présentent donc sous la forme d'un cylindre de bois arrondi aux extrémités, ce qui les rend plus maniables pour les frisés et le jeu sur peau et cloche de vache.

En accompagnement du "mambo" ou "rumba", on joue généralement le rythme de la "cascara" su le fût (avec une frappe horizontale) et pour le "cha-cha-cha", le "montuno" ou le "nanigo", on utilise la cloche centrale (appelée aussi "Timbale Bell" ou "Cha-cha Bell"), avec une frappe verticale.

La cascara (ce qui signifie "coqquillage" en espagnol, car c'est ainsi qu'on nomme le "fût", la caisse de résonance du tambour, comme en américain: "Shell") est sans doute le rythme le plus ancien et typiquement cubain avec celui de la clave (joués notamment dans la "Santeria", culte syncrétique afro-chrétien cubain), tous deux étant sûrement d'origine africaine (mandingue pour la cascara, puisqu'on le retrouve note pour note dans la polyrythmie "Djagbé" (cf. "Une vie pour le djembé" de Mamady keita), et la clave est pratiquée au Bénin; sachant qu'ils se développent dans une structure complexe à 16 temps, il y a peu de chance que ces correspondances exactes soient dues au hasard (une chance sur 2 exposant 16=65536, selon les probabilités)). Lors de l'exécution de la cascara main droite, la main gauche peut accompagner avec le rythme de la "clave" sur une cloche ou un "wood-block", ou jouer un "tumbao" sur les timbales, ce qui demande une excellente indépendance des mains.

Dans les solos, les joueurs de timbales se servent généralement de frisés, joués en "rim-shot" (la peau et le cercle sont frappés en même temps, un peu comme un "claqué" en percussion digitale, le cercle faisant levier pour décupler l'énergie et le niveau sonore), ce qui donne une consonance plus africaine. Mais le roulement classique binaire serré, avec rebonds (un rebond de chaque main), est aussi souvent utilisé, surtout pour les breaks d'introduction.

Certains joueurs de timbales (comme "Changuito")utilisent également une grosse caisse avec pédale, qu'ils jouent occasionnellement, pour faire le rythme du "tumbao" (le rythme de la basse), par exemple, mais debout (contrairement au batteur), ce qui implique de se tenir sur une jambe .

A contrario, certains batteurs comme Horacio "El Negro" Hernandez (d'origine cubaine), Akira Jimbo, Mike Portnoy ("Dream theater", groupe de "metal rock progressif") ou Vince Cherico (batteur du "New World Spirit" de Ray Barretto), pour ne citer qu'eux, ont intégré des timbales dans leur set de batterie, sans doute pour donner une "couleur" latine. "Changuito" (Jose Luis Quintana, l'inventeur du style "Songo") est un des virtuoses cubains et pédagogues des timbales actuels les plus reconnus, et il a réalisé plusieurs vidéos pédagogiques de référence.

Des développements typiques de la pratique des timbales (orchestrés pour batterie moderne), sont présentés dans mes méthodes de batterie, notamment avec la cascara.