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Les pédales

La pédale de grosse caisse

La pédale de grosse caisse

L'ancêtre de la pédale de grosse caisse apparaît dès la renaissance en Europe, avec l'essor de la mécanique. C'est ce qu'on appelait alors un "homme-orchestre", qui portait une grosse caisse dans le dos et actionnait une batte en battant du pied ou en marchant, tout simplement, grâce à une cordelette attaché à un pied et relié à la batte. Cette dernière présentait déjà le mécanisme rotatif qui est à la base de toute pédale de grosse caisse.

Mais ce n'est que vers la fin du XIXème siècle, à la Nouvelle Orléans, berceau du jazz, qu'on invente la première pédale de grosse caisse, avec différentes versions (action du talon ou de la pointe et d'abord en bois et tout à fait artisanale et non commercialisée (voir photo)).

Il faut attendre 1909 pour avoir la première pédale efficace et solide commercialisée et brevetée par William F. Ludwig: la "toe operated bass drum pedal" ("pédale de grosse caisse actionnée par la pointe du pied" (photo ci-contre)). Tout y est déjà: le principe de la pédale, une potence avec axe de rotation et ressort (pour le retour de la batte), la batte avec manche en acier réglable, la mâchoire à vis pour fixer la pédale au cercle de grosse caisse et surtout, elle est entièrement en acier (sauf la tête de la batte qui reste traditionnelle: fourrure et bois). La seule chose qui diffère vraiment avec les pédales actuelles est l'utilisation d'une boucle de transmission (entre la pédale et la batte) en acier toujours et l'absence de roulement à billes.





La "Speed King" (plus robuste, avec potence double, roulements à billes, double ressorts à compression intégrés dans les montants et tête de batte recouverte de feutre) de Ludwig encore, de 1937 (mise au point par Ray Bauduc et qui fut utilisée par les plus grands maîtres de la simple pédale de grosse caisse: Buddy Rich en jazz et John Bonham en rock par exemple, dans les années 1960, et encore commercialisée telle quelle aujourd'hui) propose encore une transmission directe (avec une plaquette d'acier cette fois).

Certaines marques (pédales Axis par exemple, très à la mode dans le metal extrême) essaient de relancer ce type de transmission que je trouve pour ma part non seulement archaïque, peu pratique, mais en plus traumatisant pour les tendons et articulations (à cause de son aspect très "direct").

La pédale de grosse caisse

Ce n'est que bien plus tard (commercialisé pour la première fois en 1980 par Drum Workshop et qui fera la célébrité de la marque Camco, rachetée par Tama, qui commercialise encore ce modèle de 1981 aujourd'hui (avec quelques améliorations de réglage depuis peu et qui est encore appréciable pour sa légèreté d'ensemble (plus facilement transportable) et son faible coût)) que l'on adapta le système de chaîne de vélo et pignon cranté encore le plus utilisé actuellement (Gene Hoglan, un des joueurs de double grosse caisse les plus rapides et virtuoses (il est surnommé "The Atomic Clock"), utilise toujours de simples Camco, par exemple, ce qui en dit long sur la prédominance du contrôle du corps sur la sophistication du matériel, car le contrôle et la vitesse de la pédale dépendent finalement beaucoup plus de la sensibilité et de l'habitude, que de sa facilité d'emploi et son efficacité dans l'absolu). Certains modèles relativement récents possèdent une double chaîne (comme celui que j'utilise depuis 2000: Tama Iron Cobra Rolling Glide HP900RTW (photo)), qui offre plus de robustesse, fiabilité, souplesse et silence au niveau du jeu (certains enregistrements de John Bonham (Led Zeppelin) des années 1970 avec Speed King sont célèbres pour leur "grincements" de pédale (intro lente de "Since I've Been Loving You", 1970, pas dénué de charme car le grincement est "en place"!)). Ce système à l'avantage de minimiser les chocs vibratoires transmis dans le pied (mais on perd alors un peu en sensibilité, vitesse et puissance, c'est sûrement pourquoi on se remet à commercialiser des pédales à transmission par plaque de métal ou ruban, depuis peu).

La double pédale de grosse caisse

En 1983 apparaît la double pédale de grosse caisse (inventée et commercialisée par Drum Workshop (D.W.)), dont un seul portique actionne deux battes qui pivotent en indépendance. La première, à droite, est actionnée normalement, la deuxième, à gauche est actionnée grâce à une barre de transmission et un cardan (aujourd'hui deux, un à chaque extrémité), à une deuxième pédale munie d'un deuxième portique, que l'on peut alors placer à gauche de la caisse claire et à droite de la pédale charleston.

La pédale de grosse caisse voit de nouvelles améliorations dans la multiplication des réglages (et donc une meilleure ergonomie adaptée à chacun et son set) et l'abandon des crans pour un "rail" feutré (plus fluide et silencieux) ou divers autres détails comme le roulement à billes aussi à l'arrière de la semelle, la machoire à tête à rotule (changeant automatiquement d'orientation pour épouser la forme du cercle) et point d'appui du levier réglable en hauteur, le bloquage de la vis de réglage du ressort (au dessus, en dessous et verticalement: indéréglable une fois le réglage choisi), la tête de batte orientable (indépendamment de sa tige) pour l'orientation optimale contre la peau, quelque soit la longueur de batte réglée, le contrepoids coulissant le long de la tige (pour régler le poids de la tête de batte, il fallait y penser!), tout un tas d'innovations judicieuses que la marque japonaise Tama a développé depuis 1993 avec ce que je considère comme le fleuron encore actuellement des pédales de grosse caisse: la Iron Cobra (et je le dis sans être endorsé ni payé, et en l'ayant utilisé 10 ans intensivement sans avoir le moindre problème, et après avoir cassé un autre modèle de double pédale au bout d'un an). Le modèle créé en 1998 (que j'utilise) plane encore aujourd'hui au dessus de tous les autres d'après moi, et je ne parle même pas du choix judicieux des matériaux: barre de transmission en aluminium (matériau plus léger que l'acier) entre les deux pédales, augmentant la vitesse pour une sensation de fluidité au pied gauche presque équivalente au pied droit, semelle en alliage d'aluminium (à la fois dur pour résister aux frottements qui réduisent les crans antidérapants, et léger, en restant résistant), socle en acier avec bandes de caoutchouc crantées, pour adhérer au sol, tête de batte en plastique ultra léger avec disque en feutre incurvé (améliorant les nuances) ou autre matériau en changeant de batte, acier chromé pour les pièces de jointure, etc.: une merveille difficile à dépasser à mon avis, à part peut-être avec la toute nouvelle "Speed Cobra" (le modèle précédent est toutefois toujours vendu, ce qui montre qu'il y a aussi une affaire de goût ici), qui par sa plus longue semelle donne plus d'efficacité (principe mécanique du "moment des forces") et donc de puissance sonore (à énergie musculaire égale et appliquée au même endroit), nuances et réponse (Mike Portnoy par exemple, est passé d'un modèle à l'autre), mais doit donc demander aussi plus de précision de jeu (une pédale pour les "super-techniciens" amateurs de vitesse et endurance extrêmes).

Remonter

La pédale de charleston

Postérieure à l'invention de la pédale de grosse caisse de près de 10 ans (années 1920), elle est d'abord très basse (sans tube), calquée sur le modèle de la pédale de grosse caisse et appelé "sock cymbal" ou "low boy" (photo ci-dessus).

L'invention du pied de cymbale (d'abord uniquement attaché à la grosse caisse) inspire sûrement le tube du "high hat" ou pédale de charleston définitive (photo de gauche), qui permet le jeu conjoint des mains et des pieds (le seul instrument possédant cette caractéristique). L'évolution de la courroie de transmission a suivi un chemin parallèle à celui de la pédale de grosse caisse.

Tilter
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Les meilleurs modèles actuels permettent de multiples réglages. Outre la hauteur des cymbales (celle du dessous par un tube télescopique, comme les pieds de cymbale, celle du dessus grâce à un "tilter" (photo), qui se visse à la tige de transmission et prend la cymbale supérieure entre deux, voire 3 écrous (pour éviter le dévissement)), on peut régler la tension du ressort, voire l'angle de la cymbale de dessous (pour un jeu "baveux"), et aussi l'implantation du trépied par rapport à la pédale en le faisant pivoter indépendamment du reste (ce qui est bien utile pour installer une pédale de grosse caisse, à droite, mais pas une pédale de plus à gauche).

La pédale de charlestonLa marque japonaise Tama propose des modèles de pédale de charleston Iron Cobra avec seulement deux pieds (photo), ce qui est largement assez stable (le socle de pédale joue le rôle de troisième pied) tout en réduisant l'encombrement au sol pour adjoindre d'autres pédales à proximité (exemple: stand de cloche au pied gauche à gauche et double pédale de grosse caisse à droite).

Certains modèles récents proposent une assistance par un système de levier (Tama Iron Cobra encore, "Lever Glide"), qui divise l'ampleur de l'action sur la pédale, pour un meilleur contrôle de l'ouverture. Mais cela ralentit aussi le "chick", c'est pourquoi je préfère l'ancienne transmission directe (appelée: "Vélo (pour "vélocité") Glide" pour l'autre modèle Iron Cobra, que j'utilise).D'autres, proposent une pédale à double usage, charleston et double pédale de grosse caisse (système "Janus"), en faisant pivoter la pédale d'un portique à l'autre, grâce à un système d'étau "déclencheur" au niveau du pied (très ingénieux sur le plan technique mais peu pratique à l'usage, à mon avis, mis à part pour réduire la place (mais il existe d'autres solutions plus simples pour ce faire)).

Modèle suspendu

Des modèles récents sont justement munis d'un tuyau et d'un câble (1985, système encore inventé et commercialisé pour la première fois par D.W., permettant un jeu en double pédale de charleston, sans enlever la pédale de grosse caisse, mais ce système induit par contre des frottements très importants) au lieu d'un tube et d'une tige deRemonter transmission, ou sont dénués de pédale et suspendus, ce qui a permis des utilisations innovantes (voir à "charleston", au chapitre sur les cymbales).


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