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Les baguettes

Les baguettes

Premier accessoire inventé et utilisé depuis des temps immémoriaux (d'abord seule puis par paire, une dans chaque main), il en existe de plusieurs sortes, bien distinctes.

Les baguettes de caisse claire (ou de tambour militaire européen) sont de loin les plus employées, grâce à leurs qualités d'exceptionnelle maniabilité (notamment pour le rebond, et donc, les roulements) d'expressivité et de lisibilité de leur attaque.

Une baguette de caisse claire est généralement fabriquée dans une seule pièce de bois (dans le sens du fil), sauf les baguettes de tambour militaire traditionnel de prestige (photo: baguettes officielles de la "Musique (de l'armée) de l'air" (marque française Pro Orca), qui accueille les chefs d'Etat étrangers, en ébène et nickel), qui possèdent un embout métallique cylindrique au bout du manche ("douille" en cuivre, laiton, acier ou nickel, comme à l'époque napoléonienne). Son diamètre (épaisseur) varie de 1,2 à 1,7 cm et sa longueur totale moyenne est de 40 cm (16'').

Le matériau de prédilection est "l'hickory" (noyer américain) mais il en existe aussi en frêne, érable ou chêne, pour leur qualité d'élasticité et de faible densité (ce qui donne un équilibre parfait entre encaissement des vibrations pour préserver les articulations des doigts, et résistance).

Moins une baguette est dense, plus sa tonalité fondamentale est grave (elle sonne plus "creux"), et plus elle créera un "ping" (coup de l'olive) bien distinct sur une cymbale. Les baguettes de fanfare de luxe sont en ébène, plus résistant, mais plus cher (et aussi plus lourd), car elles ne sont pas jouées sur des métaux, qui abîment inévitablement très vite une baguette en bois (elles sont donc fortement déconseillées pour le jeu sur une batterie moderne et de fait, personne ne le fait plus).

C'est pourquoi se sont développées ces dernières années, des baguettes en nylon ou des baguettes en bois avec olives en nylon. Ces dernières possèdent une attaque beaucoup plus aiguë (et donc moins audible sur une cymbale), et plus pauvre du point de vue du timbre. Je déconseille l'usage des baguettes 100% nylon, qui sont absolument incassables, certes, mais "cassent" en contrepartie toutes les articulations de la main et des doigts, à la longue (pensez que c'est irrémédiable, alors cela vaut bien un petit investissement financier).

Une baguette de caisse claire se divise invariablement en trois parties distinctes: le manche (ou "corps"), parfaitement cylindrique, l'olive (un embout globalement sphérique à une extrémité) et un "étranglement" entre l'olive et le manche ("col").

Quand cet étranglement forme une courbe liée avec l'olive, on appelle cette forme "goute" (du nom de Robert Goute (modèle toujours commercialisé par Pro Orca encore, en Hickory), fameux Tambour-Major de la Musique de l'air (de 1953 à 1970) et écrivain d'oeuvres et méthodes pour tambour dès les années 1940), qui est assez ancienne et classique en tambour militaire français (l'olive semble être une invention d'origine chinoise) et fut reprise par Buddy Rich (baguettes modèle signature "Buddy Rich", toujours commercialisé par la marque américaine Vic Firth, qui produit des baguettes assez denses et peintes, en général).

Les olives

Mais les fabricants contemporains proposent maintenant une immense variété de formes d'olive: sphérique, ovoïde, conique, ogivale, cylindrique, en forme de tonneau, etc.

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Ce qu'il faut retenir pour choisir sa forme d'olive, c'est que plus elle présentera une courbe importante latéralement, plus son attaque sera sèche et contrastée (expressive) et moins elle sera contrôlable.

Certaines baguettes sont peintes ou laquées (plusieurs couches de vernis). Je déconseille leur usage car à la moindre goutte de transpiration elle vont vous glisser entre les doigts, et de plus, elles ont tendance à former des éclats dangereux avec l'écaillage obligé du revêtement face aux chocs multiples (contre le "rim" notamment). A l'inverse, une baguette faiblement vernie (par pulvérisation), absorbera l'excédent de transpiration, tout en conservant juste ce qu'il faut de glissement pour permettre son flottement et éviter des frottements excessifs, générateurs "d'ampoules" (on peut d'ailleurs utiliser des bandes adhésives pour éviter cela, mais normalement, une "corne" de peau naturelle se forme à l'endroit du frottement au bout de seulement quelques jours de jeu, ce qui permet de conserver les sensations du toucher) voire les allergies au bois (cetains fabriquants proposent néanmoins de tous nouveaux modèles uniquement poncés).

Pour obtenir un frisé qui ne permet aucune distinction entre main droite et main gauche (illusion de très grande vitesse), il est impératif que les deux baguettes d'une paire aient non seulement la même forme, mais aussi la même densité. C'est pourquoi de nombreuses marques proposent aujourd'hui des paires accordées par leur soin (reliées par une bague en carton). Mais rien n'empêche de tester soi-même leur tonalité en les frappant contre un objet dur au même emplacement (carrelage, table, etc.). Un bon indice de la densité est la couleur du bois (plus il est sombre, plus le bois est dense).

Beaucoup de batteurs virtuoses ont atteint un niveau de notoriété et de crédibilité qui leur ont permis de commercialiser un modèle de baguette conçu pour eux et par leurs soins. En les écoutant jouer, vous aurez peut-être une meilleure idée du type de baguette que vous voulez choisir. Mais attention, les caractéristiques de la baguette choisie doivent aussi dépendre de votre main (qui peut être d'une forme différente de celle de votre idole).

Il est important d'arriver à s'en tenir rapidement à un seul modèle de baguettes, pour ne pas changer ses réflexes et ses sensations d'espace et de poids.

Enfin, notez bien qu'une baguette lourde (dense, dure) risque d'endommager vos instruments et que si cette dernière est plus difficile à soulever, elle frappe avec plus de facilité (compte tenu du poids) mais aussi plus de lenteur (due à l'inertie). C'est pourquoi de plus en plus de batteurs virtuoses utilisent les baguettes les plus fines (c'est le cas du modèle "Elvin Jones" (photo en haut de page) de la marque américaine Pro-Mark, que j'utilise invariablement depuis 1998 et qui est aussi très long, ce qui facilite les passages d'un instrument à l'autre du set et n'oblige pas à trop lever les coudes pour jouer sur les cymbales).

Remonter

Après les baguettes de caisse claire, voyons d'autres modèles classiques, plus rarement employés en batterie, et qui sont surtout utilisés pour créer des effets anecdotiques.

Tout d'abord les mailloches:Utilisées traditionnellement pour les toms, il s'agit d'une sorte d'intermédiaire entre les baguettes de timbales classiques et les battes de grosse caisse. Comme ces dernières, elles bénéficient d'un embout en feutre, pour atténuer l'attaque, mais ont une épaisseur moyenne qui se rapproche d'une grosse baguette de caisse claire.

Les battes sont quand à elles bien plus épaisses (surtout utilisées pour les gongs) et les baguettes de timbales ont un manche très fin, parfois en bambou (fidèle à leur origine mongole (photo)).

Tous ces types de baguettes sont plus ou moins mous et parfois rembourrées de laines, pour les amollir encore.

Dernière catégorie, les baguettes de vibraphones ou marimba (grand xylophone), possèdent une bille en bois juste entourée d'une rangée de brins de laines, ou une bille en caoutchouc. Leur attaque est plus sèche et puissante que les mailloches, leur manche est souvent en plastique élastique.

Toutes ces sortes de baguettes sont très appréciées de jazzmen contemporains comme Jack de Johnette ou Max Roach, pour créer des ambiances feutrées et mélodiques sur les tambours (ce qui rappelle le son des tambours Remonter digitaux), ou des effets de nappes, sur les cymbales, en supprimant toute perception d'attaque et de rythme (ce qui rappelle le bruit du vent dans les feuillages, d'un torrent, de la pluie, ou celui des vagues marines).


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