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Les cymbales de "charleston"

cymbales de charleston Zildjian Avedis Mastersound

La ("pédale de" ou "cymbale" ou "paire de cymbales") charleston est peut-être originaire de la ville du même nom de Caroline du Sud, à forte population noire, dans les 1920 (les premiers batteurs de jazz, au début du XXème siècle, comme Warren "Baby" Dodds, n'en possédaient pas et les deux pédales "low boy" (basse, première inventée) et "high hat" (ou "Hi-Hat": "chapeau haut"), telle qu'on la connait aujourd'hui, étaient présentes pour la première fois dans un catalogue d'instruments (marque Ludwig) en 1928 (ce qui ne dit rien sur sa date d'invention réelle mais au moins marque le début de son essor par l'industrialisation et la commercialisation)). C'est de toute façon aussi le nom d'une danse apparue à la même époque et associée à la même musique (popularisée par Joséphine Baker à Paris). Il est aujourd'hui inconcevable de penser une batterie même minimale, sans la charleston (ou "foot cymbal": "cymbale à pied" ), qui fait pour la première fois intervenir le quatrième membre du batteur: le pied gauche (pour un droitier).

Le fonctionnement de la pédale de charleston est calqué sur celui de la pédale de grosse caisse (inventée 20 ans plus tôt), mais au lieu de frapper l'instrument avec une batte, on retrouve la méthode originelle de jeu des cymbales: une cymbale en frappe une autre, de taille identique, en opposition, au niveau de la tranche.

montage des cymbales charleston sur un pied

La différence et le génie de cette invention, est de les avoir disposées à l'horizontale pour exploiter la force de pesanteur, alors qu'avec les mains on les frappait positionées verticalement dans les fanfares à pied, en Europe (bien qu'en Turquie, les janissaires à cheval (à l'origine de l'utilisation musicale militaire des cymbales) les frappaient aussi dans un mouvement vertical en les positionnant horizontalement (des miniatures anciennes le montre)).

En pressant sur la pédale, on entraîne une tige qui coulisse dans un tube vertical tenu par un trépied (ou plus récemment un bipode), sur laquelle est fixée la cymbale supérieure. La cymbale inférieure est simplement posée sur un plateau feutré et percé, pour laisser passer la tige. Un ressort assure la remontée de la tige (pour garder le hi-hat fermé, il faut garder une pression constante du pied).

Les pédales de charleston vont donc par paire mais la cymbale inférieure ("bottom", à ne pas confondre avec la supérieure, "top"), est plus épaisse (pour supporter le poids et enrichir le timbre général).

Leur diamètre standard est aujourd'hui de 14'' (ce qui correspond au plus petit modèle orchestral ou militaire, qui va jusqu'à 22'') mais on trouve des modèles à 15, 13, 12 et même 10'' (plus rare).

Certains batteurs utilisent une cymbale supérieure plus petite, pour assécher le son du "chick" (coup par pression du pied, "écrasé" (étouffé)), mais cela rend plus difficile le jeu avec baguettes.

Des modèles récents de cymbales de hi-hat inférieures sont percés près du dôme ou crénelée sur le bord (comme le modèle que j'utilise), ce qui crée un évent de décompression (comme il en existe sur tous les fûts de tambour). Cela à pour effet un jeu plus propre du pied et un "chick" plus sec et contrôlable. Par contre, on perd un peu en contrôle des mains et en crash du pied.

Certains batteurs utilisent deux modèles de fabrication différente pour leur Hi-hat (comme Steve Gadd par exemple), ce qui à pour effet d'enrichir le timbre et de donner plus de qualité de crash, ou d'obtenir un compromis entre deux types de cymbales (Steve Gadd est un spécialiste du "jazz-rock", et gagne ainsi en polyvalence avec ce set composite (moitié "jazz" (cymbale plus riche et chaotique), moitié "rock" (cymbale au son plus pur et régulier)); son set de hi-hat est depuis peu commercialisé par le fabricant Zildjian (modèle "K/Z") ce qui évite d'acheter les deux paires de hi-hat pour le constituer).

On peut se procurer des stands de hi-hats sans pédale, où la pression des cymbales est réglable par un écrou papillon pour isoler le jeu du pied gauche (sur double pédale par exemple) et celui des mains (Dave Weckl , Dennis Chambers, Terry Bozzio, Mike Terrana , Virgil Donati et bien d'autres, ont systématisés son utilisation dans les années 1980 et 1990).

Récemment est apparue l'invention de la pédale de charleston à câble souple (plutôt que tube et pied), qui est utile pour alterner frappe du pied gauche et frappe à droite, ou actionner un charleston au pied droit (Terry Bozzio utilise ce genre de charleston, un à gauche avec cymbales au niveau de la grosse caisse de droite, ce qui lui permet de prolonger sa rangée de toms en continu loin sur la gauche, et un charleston à droite, pour jouer en double charleston (avec les deux pieds)).

La pédale charleston se joue traditionnellement du pied gauche (pour un droitier). Elle est donc placée à gauche de la caisse claire (qui est entre les jambes), symétriquement à la grosse caisse (quand on utilise une double pédale de grosse caisse ou une deuxième grosse caisse, on la place en général à gauche de la pédale de gauche).

Une des caractéristiques qui rend le jeu des cymbales charleston si typique de la batterie, et qui est unique, comparé à tous les autres instruments de la batterie, est la possibilité de jouer dans le même temps avec le pied et les mains (Max Roach, un des rares batteurs de jazz à faire des spectacles entiers en solo, jouait des solos entièrement et seulement avec une pédale charleston, qu'il posait alors devant la scène, pour accentuer l'effet).

Cette caractéristique permet 6 frappes fondamentales bien distinctes et reconnaissables:

1: le "chick" (cymbales hi-hat Zildjian Avedis Mastersound 14" ici):
Pression du pied, avec maintien de la pression, juste après, pour étouffer le son (utilisé en syncope pour faire le "chabada", indissociable du jazz (di - - tchi - ti), qui est à l'origine joué sur le charleston). Un "truc" pour faire des "chicks" rapides (et donc avec levée quasi immédiate du pied obligatoire) est de jouer talon levé (la pression extrêmement forte induite par le poids de la jambe, entraînant un écrasement suffisamment étouffant). C'est une technique qui fut très utilisée par John Bonham (Led Zeppelin) et Tony Williams (Miles Davis) dans leurs breaks et solos (battues de croches ou noires avec le pied gauche), pour donner l'illusion de jouer à deux batteurs. Cette technique à été poussée à l'extrême par Jack de Johnette, qui varie syncopes et temps au pied gauche, avec une aisance remarquable, ce qui lui permet d'improviser des 4 membres en même temps.
2: Le "crash" du pied:
Coup résonant, en relevant le pied dès qu'il a fait s'entrechoquer les cymbales. Pour ce faire, le talon au sol est plus aisé. Steve Gadd et Al Foster ont développé dans les années 1970 une technique qui consiste à alterner "crash" et "chick" du charleston (dans un jeu de bascule talon-pointe) dans un débit continu et en indépendance. Vinnie Colaiuta, dans les années 1980, est aussi passé maître dans cette discipline en jouant en talon pointe en indépendance des deux pieds (un sommet de technicité difficilement dépassable).
3: Le "ping" charleston fermé:
Coup de l'olive de baguette sur la cymbale supérieure, en exerçant une pression constante du pied. Ce coup, typique du rock, est traditionnellement joué en croches avec la main droite, en croisant les bras par dessus la main gauche, qui joue sur la caisse claire. En jazz samba, on joue, souvent des doubles-croches en débit continu, parfois avec accents, à une ou deux mains (en frisé), pour imiter un "ganza", un "chocalho" ou un "pandeiro".
4: Le coup de manche sur tranche de charleston fermée:
Son puissant et sec idéal pour créer des accents en alternance de frappes (frappe du bras ici et frappe du poignet en ping, dans un mouvement de balancier ("technique Moeller"), très utilisé en reggae par Sly Dunbar entre autres, ou en blues et hard rock par Bernard Purdie, Jeff Porcaro, John Bonham, ...).
5: Le "crash" de baguette, charleston ouvert:
Coup du manche sur la tranche, qui fait s'entrechoquer les deux cymbales, pied levé, popularisé par les batteurs de "trash" métal dans les années 1980 (comme Lars Ulrich de Metallica, mais John Bonham est l'un des initiateurs), Remonter en battue de croches ou noires, à l'imitation des guitares électriques saturées (attention aux oreilles!). On peut effectuer un crescendo de charleston en soulevant progressivement le pied (sans frapper plus fort sur les cymbales).
6: Crash de baguette avec fermeture immédiate du pied:
Très utilisé en funk (par Bernard Purdie ou Clyde Stubblefield par exemple), mais aussi en jazz dès les origines de l'instrument (par Gene Krupa ou Buddy Rich) il est important de bien caler la fermeture (étouffement, "chick") sur un temps et de ne pas trop ouvrir le charleston ici, pour un son bien "coulé" (les cymbales doivent s'entrechoquer plusieurs fois très rapidement). Ce coup est souvent accompagné d'un coup de grosse caisse voire de caisse claire à l'unisson pour accentuer l'effet d'accent hyper sec et puissant ("pêche") et joué avec le manche de baguette sur la tranche de cymbale en général (pas obligatoire).

Marc De Douvan déc. 2005, révisé en mars 2013.

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