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La batterie silencieuse

La batterie silencieuse correspond à différentes formes d'assourdissement des tambours et cymbales, afin de jouer en appartement sans gêner ses voisins ou pour s'exercer sans s'abîmer les oreilles. Mais sachez tout de même que l'étouffement des vibrations des instruments amène à un son plus plat (sans nuances, dynamiques, contraste) qui peut donner l'illusion d'une plus grande maîtrise et inciter à exagérer les accents. Donc rien ne remplace la pratique sur un instrument acoustique "ouvert", vibrant librement, ce qui est pour moi plus beau, plus difficile (pour avoir des coups réguliers, identiques) et en tout cas plus expressif.

Il existe en gros 3 méthodes pour y arriver:

• : : 1 - assourdir une batterie acoustique normale
• : : 2 - modifier les matériaux
• : : 3 - modifier la forme

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1 - assourdir une batterie acoustique normale

Tout d'abord il faut signaler que l'on peut tout simplement réduire la taille générale des tambours pour ce faire (batterie " jazzette ", pour cabaret (10, 12, et 13 ou 14 pouces pour les toms , 18 ou 16 pouces pour la grosse caisse). Elvin Jones est l'initiateur de ce type de batterie, car il était obligé de la transporter en taxi d'un cabaret à l'autre, à ses débuts (cela prouve qu'il n'y a pas de limite au champ d'expression de la créativité).

On peut trouver des sourdines en feutre qui se collent ou plaquent sous les peaux de frappe, des sourdines en caoutchouc (ou "mufflers", "étouffeurs" (photo)) sur lesquelles frapper et qui s'ajustent sur toute la surface de la peau de frappe ou une partie de la cymbale, des rondelles en plastique fin qui se posent également sur la peau (qui servent juste à atténuer un peu la résonance pour un jeu plus plat) et enfin des mousses plaquées grâce à un cadre qui s'intercale entre le cercle et le fût du tambour.

Certains batteurs scotchent des mouchoirs en papier pliés sur la peau ou utilisent directement des bandes adhésives caoutchoutées.

Pour la grosse caisse, on utilise fréquemment un oreiller ou une couverture pliée, que l'on plaque contre la peau de frappe.

Sachez aussi que les peaux sablées résonnent moins que les transparentes et les peaux simples moins que les doubles (car plus graves car plus lourdes et donc avec plus d'inertie).

On peut enfin ajouter des rivets ou des chaînes (" rattler ") aux cymbales, pour atténuer leur puissance et leur capacité de " crash " (une pièce de monnaie fixée à un ruban adhésif peut aussi être utilisée).

Si votre but est juste de vous protéger les oreilles, un casque antibruit de chantier (photo) avec tour de l'oreille en mousse et coques (plus confortable, hygiénique et déséquilibre moins les harmoniques) ou des bouchons d'oreille peut faire l'affaire. Un bon casque de studio (avec coques également) remplira le même office avec retour sonore en plus si votre batterie est sonorisée (l'idéal).

2 : modifier les matériaux

Il existe des cymbales en résine (photo en haut de page) et des batteries avec peau de caoutchouc (" pads "). On fabrique depuis les années 1980 des batteries en caoutchouc de ce type avec capteurs électroniques amplifiés, avec émission de sons synthétiques par des enceintes ou un casque (vulgairement appelées "batteries électroniques"). Même si certaines de ces batteries retransmettent la force des coups (" dynamiques ","nuances") voir les coups sur cercle, elles sont loin de pouvoir égaler la richesse de timbre et la sensibilité d'une vraie batterie acoustique (au niveau du toucher et du son) et je pense que c'est tout simplement physiquement impossible (la percussion induit un mode d'émission du son beaucoup trop complexe, ce qui peut échapper à la perception d'un néophyte mais sûrement pas à celle d'un mélomane ou musicien expérimenté (voir ma leçon "Tendre ses peaux" pour un début d'approche scientifique acoustique des tambours)). C'est pourquoi, je ne les recommande que pour un entraînement parcimonieux (pour ne pas prendre de mauvaises habitudes de jeu), pour protéger ses oreilles ou celles des voisins (jeu en appartement). L'autre inconvénient des batteries électroniques est qu'elles sont très couteuses (dû à la technologie) et qu'on est tenté de se passer de batterie acoustique (au même prix dans le moyen de gamme) même sur scène (une dérive faite et défendue par certains "grands batteurs" dans un but uniquement bassement commercial d'après moi).

Notez aussi que le caoutchouc est plus dommageable pour les cartilages et tendons qu'une peau normale. Il existe d'ailleurs aussi maintenant des batteries électroniques avec peaux maillées. Il est également possible de fixer des capteurs "déclencheurs" ("triggers") sur des instruments acoustiques (tambours, cercles de peau, cymbales, etc.) pour envoyer des sons superposés différents (c'est ce qu'utilise Akira Jimbo). Ces sons peuvent être programmés à l'avance et commandés par une frappe sur un pad. On peut en outre créer une boucle de sons (avec un cycle : exemple 3 frappes, un son différent pour la première, la deuxième et la troisième frappe, à la quatrième on reprend le son de la première, etc.). C'est le système qu'utilise beaucoup Akira Jimbo, qui joue en solo, pour imiter des instruments mélodiques (basse, piano, etc).

Enfin, on peut déclencher des boucles rythmiques entières avec une simple frappe (mais peut-on alors parler vraiment de jeu, à partir du moment où la composition rythmique est entièrement pris en charge par la machine ?).

Certains batteurs vont jusqu'à jouer avec une boîte à rythme (programée) imitant le jeu sur une batterie. Pour ma part, je n'apprécie pas ce système, car il brouille la lecture du jeu du batteur (qui fait quoi ?) et l'oblige à jouer sans variation de tempo (cette variation fait pourtant partie depuis toujours de l'expression musicale).

3 : modifier la forme

Il existe des pads en pâte à modeler qui deviennent très élastiques si on les frappe fortement, ou avec une mousse plaquée sous une peau et un cercle en plastique (marque Remo (photo), mon modèle préféré, que j'ai utilisé pendant plus de 5 ans, quand j'habitais en appartement, en me constituant un set entier de 6, 8 et 10"(photo de haut de page)). On commercialise des modèles de ce dernier type en kit fixés sur un pied central (8 pouces de diamètre par tambour en général, 4 tambours horizontaux, un vertical avec barre pour fixer une pédale de grosse caisse). Autrement, les pads sont en général fixables grâce à un écrou central à des pieds spéciaux terminés par une vis. On peut s'exercer partout avec ce genre de pad (d'où l'expression "practice pad"), en le posant simplement sur une chaise ou une table, sans trop gêner les voisins (il en existe aussi en caoutchouc).

Pour les moins fortunés, sachez qu'avec une bonne paire de baguettes de caisse claire, on peut jouer sur presque n'importe quelle surface (carton, bois, pierre, métal, etc.).

Certains afro-américains ont inventés un style de batterie qui consiste à jouer sur un set de sceaux en plastique retournés, de tailles différentes (" baquet "). Cet art de rue, qui peut se jouer avec une grande virtuosité (sur la base des rudiments de tambour militaire), présente néanmoins l'inconvénient d'exclure le jeu des pieds, mais certains lèvent un sceau avec un pied pour imiter la grosse caisse en le cognant sur le sol.

Enfin, pour s'entraîner au jeu des balais, sachez qu'un bon cahier posé sur les genoux (comme le fait Daniel Humair), une table, une boîte en carton (comme le fait Steve Gadd) ou une peau sablée seule, peut faire l'affaire.

Marc De Douvan déc. 2005, révisé en mars 2013.