Plus que des blessures, c'est à des désagréments divers que le percussionniste et le batteur ont à faire. Néanmoins, ces désagréments peuvent entraîner l'arrêt de leur activité musicale et sont parfois irréversibles. Ils sont donc loin d'être négligeables, même si pour le commun des mortels, ils peuvent paraître banals et anodins.
C'est le cas par exemple de la surdité et de l'arthrite, qui s'insinuent souvent très progressivement mais aussi irrémédiablement. C'est pourquoi je préconise de porter des efforts d'attention à ces problèmes dès les débuts de l'engagement dans une activité musicale intensive, sans attendre de ressentir une gêne, qui signale parfois des séquelles irréversibles et souvent difficiles à éliminer. De plus, un soin de ces problèmes nécessite une fois encore des connaissances biologiques basiques afin d'adopter une attitude préventive adéquate, généralement plus efficace que la prise de médicaments coûteux et peu opérant, voire pire, contre-productifs, comme nous allons le voir.
Pour bien comprendre le problème de la surdité acquise (et non de naissance ici), il faut comprendre que les cellules nerveuses qui captent et transmettent l'information sonore au cerveau, sont fabriquées avant la naissance et ne sont pas renouvelées. Cela veut dire qu'elles se détériorent irrémédiablement avec le vieillissement (dégénérescence: presbyacousie) et que si une cellule meure (il y a plusieurs cellules heureusement), c'est une baisse de captation irrémédiable qui a lieu. Ce phénomène d'usure est accentué par les chocs et traumatismes causés par des vibrations sonores trop importantes, rapides, intenses , durables et brutales (en gros, si la cellule nerveuse est trop sollicitée).
Entendons nous bien, je ne parle aucunement ici des amplificateurs et transmetteurs des vibrations de l'air que son le pavillon, le tympan (qui vient du grec "tumpanon" qui signifie "tambourin"), étrier, enclume, marteau, cochlée, etc.
Tous ces éléments ne sont pas nerveux, mais constitués de tissus de peau et cartilage. Ils amplifient et canalisent mécaniquement les vibrations de l'air. Ces tissus ne sont pas soumis au même type d'usure que les nerfs et sont renouvelés, eux, constamment. Il est vrai néanmoins, qu'une blessure importante, comme le déchirement du tympan, peu entraîner une cicatrice avec excès de peau, ce qui entraîne une rigidification de la membrane, et un moins bon fonctionnement de cette dernière. En effet, la membrane du tympan se comporte comme une peau de résonance de tambour, et vibre en étant entraînée par les mouvements d'air. Sa raideur entraîne donc une baisse d'audition significative (l'élasticité de la membrane, au contraire, permet sensibilité et fidélité sonore).
Ces premières connaissances nous indiquent que, plus encore qu'un choc physique (exemple: percement du tympan, par infection (otite) ou choc, etc.), c'est bien plutôt le son lui-même qui peut entraîner la surdité, et que ce type de surdité, qui concerne directement le nerf auditif et les cellules nerveuses qu'il renferme, est quasiment irrémédiable. Il est donc indispensable de se prémunir contre une exposition à la fois trop intense et ou durable d'ondes sonores. Notre sensibilité naturelle nous indique normalement par la douleur (c'est ce qu'on appelle le "seuil de douleur" auditif), la limite à ne pas dépasser, à condition de ne pas déjà être accoutumé à de fortes expositions sonores ou tout simplement sourd.
Pour aller maintenant plus avant dans la spécificité de la surdité du musicien et en particulier, du batteur, il faut maintenant aborder des considérations purement acoustiques liées aux instruments eux-même et au dispositif de spectacle.
Ce qu'il faut d'abord savoir, c'est que les fréquences basses, ou graves, ou grandes longueurs d'ondes sonores, persistent mieux à travers les matériaux et sur une plus longue distance que les fréquences hautes, aiguës, ou ondes courtes. Cela implique que pour une grande salle, on calculera une harmonisation idéale des différentes fréquences avec un spectateur placé au centre de la salle (qui représente donc la moyenne des spectateurs). Cela signifie que plus le public est important, plus la source sonore est éloignée, et plus cette dernière doit privilégier les aigus au détriment des graves.
De ce constat ressort déjà une conséquence majeure pour le batteur. Celui-ci étant "collé" à ses instruments et offrant une tessiture (écart entre la note la plus grave et la plus aiguë) exceptionnellement grande (du charleston à la grosse caisse), il ne peut espérer entendre le même rapport de proportion entre les graves et les aigus qu'un spectateur, même ci ce-dernier n'est placé qu'à quelques mètres de lui.Le son de la grosse caisse est d'autant plus étouffé pour le batteur, que les vibrations d'air provoquée par la peau de frappe partent vers l'extérieur (en direction de la peau de résonance et du public). Si l'on ajoute à cela, que les fréquences aiguës, on l'a vu, sont les plus dommageables pour les nerfs car elles impliquent un plus grand nombre de vibrations par seconde, les cymbales, et plus particulièrement les crashs, qui sont très aiguës, saturantes et puissantes, constituent un des instruments de musique les plus dangereux qui existent, pour l'ouïe. On peut s'en désoler, mais il vaut mieux affronter ce problème majeur du batteur, en face, pour le surmonter, plutôt que de suivre la "politique de l'autruche" et de se retrouver comme de nombreux batteurs de rock et de métal, presque totalement sourd à quarante ans (ce n'est pourtant pas un âge avancé).
Mes conseils de prévention pour conserver l'audition:
Les acouphènes sont la conséquence d'une trop forte exposition sonore et constituent une réaction du système nerveux (oreille interne) qui se caractérise par la sensation d'un son persistant en l'absence de tout stimulus extérieur (vulgairement appelé "bourdonnement" (grave) ou "sifflement" (aigu)), qui correspond généralement à la fréquence trop entendue (un bon repère pour éviter de refaire la même erreur). Ils disparaissent généralement progressivement au bout de quelques heures voire quelques jours (à condition de ne pas renouveler la surexposition sonore). Dans certains cas extrêmes (à la longue, ou à cause d'un choc trop violent), les acouphènes peuvent devenir chroniques ou être tellement forts, qu'ils finissent par couvrir les sons normaux (ce qui rapproche alors cette pathologie de la surdité, en plus pénible). On ne connaît à ce jour aucun remède à ce problème (hormis le repos par le silence, qui ne l'élimine pas forcément totalement), ce qui implique que la prévention seule est ici possible.
Les précautions sont les mêmes que celles préconisées pour la surdité.
L'arthrite désigne des douleurs au niveau des articulations. Ces douleurs, cette fois encore, peuvent être dues à une dégénérescence ainsi qu'à des pressions ou chocs répétés ou violents.
Ce qui rapproche le tissu nerveux du tissu articulaire (cartilage), est une prédisposition à conserver des séquelles, mais pour des raisons différentes, et même opposées en fait. Alors que les nerfs ne "vivent qu'une fois" (c'est-à-dire qu'ils ne se renouvellent pas, pour la vie d'un individu), le tissu cartilagineux au contraire, à une fâcheuse tendance à trop se régénérer en sécrétant un excès de cellules au niveau d'une cicatrice, ce qui tend à accroître indéfiniment cette cicatrice (cercle vicieux) et restreindre ainsi progressivement sa fonction de faire coulisser les articulations, les os, entre eux. Dans certains cas extrêmes, ce phénomène peut aller jusqu'à "l'ankylose", c'est-à-dire une paralysie et un blocage de l'articulation.
Il existe aujourd'hui des opérations consistant à remplacer un cartilage lésé par une forme en résine ou en métal. Mais ce soin, bien qu'ayant prouvé son efficacité, n'est pas la panacée, et ne constitue un mieux que pour soigner le cas extrême de l'ankylose, ou d'une lésion importante (qui risque peu d'arriver simplement en faisant de la batterie). De plus on imagine aisément que c'est très onéreux.
C'est pourquoi je préconise une fois encore la prévention, qui consiste ici à éviter les chocs violents au niveau des articulations (presque toutes sont sollicitées quand on joue de la batterie).Certains médecins prescrivent des anti-inflammatoires (décongestionnant), ce qui peut entraîner une accoutumance dangereuse (prescrit uniquement sous ordonnance, et pas de manière prolongée, sinon ils ne font plus d'effet). Pour ma part, je déconseille cette méthode car elle masque le problème plus que ne le résout, en ne s'attaquant pas aux mauvaises habitudes qui sont à la racine du mal, et qui relèvent plus d'un travail de volonté, contrecarré par la prise de soins chimiques, qui entraînent une passivité et une trop grande confiance en soi du patient (on retrouve le même cercle vicieux avec les neuroleptiques et autres drogues).
Voici quelques conseils pratiques simples pour se prémunir des lésions articulaires:
Il s'agit d'une contraction progressive, forte et involontaire d'un muscle, qui peut durer quelques minutes de manière douloureuse si on étire pas le muscle (avec les muscles antagonistes par exemple) pour empêcher sa contraction. Cette contraction est causée par un dysfonctionnement provoqué par une carence en sels minéraux (le calcium et le chlorure de sodium ("sel" de table)), et une utilisation trop intensive des muscles. Cette carence vient souvent d'une trop forte sudation (forte perte de sels minéraux par la sueur) et d'une mauvaise alimentation (voir à "Echauffements" et "Alimentation" ).
On peut donc également éviter ce problème en améliorant ses techniques de jeu (voir par exemple les leçons "Dissociation des frappes" et "Alternance des frappes" ) pour ne pas faire porter constamment tous les efforts sur les mêmes muscles.
On voit bien dans cet exemple comment ce sont les contraintes naturelles, physiologiques, du corps humain, qui peuvent guider les gestes et la pratique créative de l'artiste (ces techniques ne sont apparues que tardivement avec la batterie moderne et voient leur apogée avec les batteurs virtuoses des années 1980: Dave Weckl , Steve Gadd , Vinnie Colaiuta , Dennis Chambers , etc.).
On peut généraliser cette idée en considérant que presque tous les concepts de techniques musicales (on devrait plutôt dire "gestuelles musicales", car elles peuvent être créatives) sont issus d'une volonté de dépassement des capacités d'expression par le corps humain (rebond, frisé, bâton mêlé, flas, crash, claqués, indépendance, crescendos, etc.).
similaire à la précédente, se manifeste par une contraction involontaire et passagère ("spasmes") voire une incapacité à contracter ces muscles et à bouger. La cause est par contre plutôt un manque d'énergie par un épuisement des réserves servant à la fermentation lactique. Ce système est utilisé pour un exercice en puissance, c'est-à-dire intense et de courte durée. Cet inconvénient peut être éliminé par une alimentation riche à tout point de vue (voir "Alimentation" ), et un entraînement régulier et poussé (voir toutefois les inconvénients de la musculation au chapitre "Activité sportive" ). Les conseils précédents en terme d'économie d'efforts et efficacité, grâce à la technique et maîtrise gestuelle, restent évidemment valables ici, le principe étant d'alterner phases de repos et contraction des muscles et de ne jamais contracter un même muscle en continu et inutilement.
Les spasmes sont des contractions brèves et involontaires. Plusieurs causes sont possibles. Les nerfs sont ici responsables, et la carence en magnésium souvent à l'origine du trouble. Dans la vie courante, ce genre de problème est peu gênant, mais pour un musicien, qui se doit d'être très précis dans ses gestes et qui, en concert, ne peut revenir en arrière pour refaire son travail, cela peut être grave. De plus, les spasmes présentent les signes avant-coureurs de pathologies plus graves si ils ne sont pas soignés.
Le magnésium est perdu en abondance lors de la sudation (à éviter donc, voir au chapitre "Echauffements" ) et se récupère difficilement car il est peu assimilable.
Personnellement, j'ai trouvé dans la banane crue un complément alimentaire idéal pour résoudre cette carence (carence accentuée par l'extrême concentration demandée par le jeu virtuose, qui implique une forte dépense nerveuse). Une banane par jour (bien mûre), le matin, avant de jouer, constitue une cure très profitable. Le milk-shake à la banane est aussi très efficace pour une activité musculaire intense, car il apporte en plus une grande concentration de calcium et protéines ainsi que de sucres rapides (à faire soi-même pour conserver toutes les vitamines (voir "Alimentation" )).
La courbature est une sensation de douleur au niveau de certains muscles et qui peut s'étendre à tout le corps. Elle est provoquée par un excès de production d'acide lactique par les muscles ayant fait un gros effort de puissance. Cette douleur se manifeste à retardement car l'acidité ne fait pas immédiatement ses ravages (12 heures de retard en général), et ne dure pas longtemps (un jour ou deux avant élimination totale, si on n'a pas fait un effort trop violent et inhabituel), pour peu que l'on se nourrisse et repose correctement (voir à "Alimentation" et "Sommeil" ).
Lors de la fermentation lactique, pour un effort musculaire de courte durée, il se crée un déchet d'acide lactique. On pense que la légende grecque de Marathon, où un messager meurt d'épuisement à la fin de sa course, manifesterait cette pathologie. Cela montre en tout cas que ce problème n'est une fois de plus pas à prendre à la légère, et que être attentif à la douleur est plus sage que de tenter de l'ignorer.
Un entraînement régulier (quotidien) pour encourager le travail de régénérescence et de stockage de l'énergie dans les muscles ("musculation" voir "Activité sportive" ), ainsi qu'une alimentation riche, suffit à résoudre rapidement le problème (en quelques jours, à condition de ne pas trop forcer quand même sur son corps). Le travail quotidien permet aussi la création par avance dans le sang des molécules qui éliminent l'acide lactique, et favorise la circulation du sang (amélioration de l'élasticité des vaisseaux, qui prévient aussi de l'infarctus) et donc l'élimination de ces déchets (à condition de boire suffisamment). L'échauffement (travail préliminaire non intensif) préconisé par tous les professeurs d'éducation physique, permet aussi d'encourager la circulation du sang avant l'effort véritable. C'est pourquoi paradoxalement et exceptionnellement, quand on a des courbatures, il vaut mieux ne pas observer des jours de repos, même si c'est douloureux. Attention donc à ne pas confondre toutes les douleurs: il s'agit ici d'une sensation diffuse de douleur continue dans tout le corps plus localisé dans les muscles sollicités (même sans les contracter: l'acide attaque tous les tissus), mais pas les tendons (qui sont par définition entre les muscles, au niveau des articulations, voir sur cette page "Les tendinites", qui demande exactement l'attitude inverse pour la guérison!).
Notez qu'un travail d'endurance utilise la respiration (au delà de vingt minutes d'efforts musculaires intenses et répétitifs) c'est-à-dire l'oxygène récupéré par les poumons, et ne provoque en principe pas de déchets sous forme d'acide lactique. D'où la différence d'apparence extrême entre athlètes de puissance (haltérophiles, lanceurs, sauteurs, sprinters, gymnastes, body-builders, etc.) et d'endurance (coureurs de fond, cyclistes de fond, tennismen, danseurs, etc.). Les batteurs, qui proposent des prestations continues de plus d'une heure, appartiennent plus à la deuxième catégorie (voir "Oxygénation" pour le travail de la respiration). L'entraînement à l'effort d'endurance augmente la production de globules rouges ("hématies", porteuses d'oxygène dans le sang), et de mitochondries (organes qui transforment l'oxygène en énergie dans les cellules musculaires). Un athlète d'endurance ne doit pas avoir une alimentation aussi riche que celle d'un athlète de puissance. Akira Jimbo est très fin par exemple, il se nourrit peu et joue beaucoup de notes lors d'un concert (c'est un euphémisme).
Sachez aussi que l'utilisation de l'oxygène pour créer de l'énergie provoque des dégâts et que certains aliments minimisent ces effets négatifs. On les appellent les anti-oxydants. Ce sont principalement les végétaux (fruits et légumes), ce qui renforce l'idée qu'un régime complet et varié, omnivore, est plus sain.
Remarquez enfin, qu'une masse musculaire importante et lourde, tend à ralentir l'amplitude et la vitesse des gestes, et entraver l'endurance, ce qui amoindrit l'expressivité et les possibilités de jeu. Alors, même si c'est une image d'Épinal encore courante, évitez le body-building si vous voulez vous lancer dans cette discipline exigeante qu'est la batterie.
La tendinite désigne une douleur à un ou plusieurs tendons, généralement caractérisée par une inflammation. Elle est très fréquente chez les batteurs au niveau des chevilles, voire des poignets ou autres articulations.
Pour comprendre la tendinite et la manière de s'en débarrasser, il faut rentrer une fois de plus dans le fonctionnement de ce tissu particulier, qui ne doit pas être confondu avec le muscle ou le cartilage.
Les tendons ou ligaments, sont constitués de cellules allongées et élastiques, "fibreuses", semblables à celles des muscles. Ils ne doivent néanmoins surtout pas être confondus avec ces derniers car à l'inverse des muscles, qui génèrent l'action et le mouvement en transformant l'énergie en contraction (un peu comme un piston de bras mécanique, sauf que chaque cellule musculaire renferme plusieurs molécules s'apparentant à un piston), le tendon est totalement passif et ne sert qu'à faire la transition et le lien entre deux muscles ou entre un muscle et un os. Cette caractéristique implique que les performances du tissu tendineux, qui est blanc et non rouge comme le tissu musculaire, ne sont guère améliorées par l'entraînement ou l'alimentation, car sa résistance ne réside que dans la membrane des cellules, et non ce qu'elles contiennent.
Au contraire, il est très important d'insister sur le fait qu'ici, l'exercice est non seulement vain pour palier à la faiblesse du tendon, mais est en plus dommageable (sauf exceptions décrites plus loin). C'est sans aucun doute pourquoi dans la mythologie grecque, le champion de l'Iliade, Achille, caractérisé par ses "pieds légers", autrement dit, sa vitesse à la course, est connu pour posséder comme seule faiblesse physique, son talon. Le tendon d'Achille ainsi nommé en hommage au héros antique, est en effet le tendon sur lequel repose le plus de poids et pression (celui de tout le corps), et est effectivement le tendon le plus susceptible de rompre à mesure que l'on augmente la force musculaire de ses jambes (tout sprinter vous le confirmera).
On pourrait penser que les assouplissements (étirements ou "stretching"), qui consistent à allonger les tendons et favoriser leur élasticité par des tractions (assez douloureuses d'ailleurs), seraient susceptibles d'accroître leur résistance. C'est vrai jusqu'à un certain point, car cela peut aussi handicaper et rendre difficile le contrôle des gestes par les muscles ou pire, fragiliser les tendons et les rendre plus disposés aux déchirements. C'est ici un peu comme jouer avec le feu. Les athlètes de haut niveau font des assouplissement plus pour améliorer leur performances musculaires, en se servant de l'élasticité ainsi accrue des tendons assouplis, mais s'exposent à mon avis encore plus sûrement aux accidents (entorses, déchirements, etc.). De fait, les accidents de ce type sont monnaies courantes dans la carrière d'un sportif de haut niveau.
Pour ma part, et pour avoir suffisamment fait l'expérience de ce problème personnellement, je considère comme beaucoup de médecins, que seul le repos permet un prompt rétablissement des tendons.
Mais reposer des tendons, ce n'est pas si simple à réaliser, surtout s'il s'agit de tendons souvent sollicités dans la vie de tous les jours comme ceux des poignets et des chevilles.
Je conseille pour les chevilles, sans aller jusqu'à une attèle et un alitement (les deux chevilles sont généralement touchées, surtout si on joue de la double grosse caisse), d'éviter le plus possible la marche (et a fortiori la course à pied), les escaliers et de rester le plus clair du temps assis avec les jambes levées sur une chaise avec un coussin (pour faire baisser la pression sanguine des chevilles, excellent anti-inflammatoire naturel). Un autre anti-inflammatoire simple consiste à faire un bain de quelques minutes seulement dans l'eau froide (température ambiante, environ 18°C, ce qui refroidit directement la zone) ou très chaude (environ 39°C, provoque une réaction de refroidissement interne) des pieds (les romains antiques (mais aussi les grecs et les gaulois, jusqu'au Moyen-Age) pratiquaient déjà ces thérapies pour le corps entier dans des bains publics chauffés à plusieurs bassins et températures ("Thermes"), l'idée (outre le nettoyage de la peau) étant de passer d'un bassin à l'autre pour stimuler la circulation sanguine puis l'endorphine (voir aussi: balnéothérapie, hydrothérapie, thalassothérapie (avec eau de mer), stations thermales (avec eau de source), "bains turcs" (Hammams, avec vapeur chaude), japonais ("jacuzzi", à massage par jet), "douche écossaise", etc.)). Des glaçons appliqués sur la partie inflamée peuvent aussi être encore plus efficaces (en cas de forte inflammation), ce qui a aussi un pouvoir réhydratant, ou au contraire un cataplasme d'argile chaude (en faisant bouillir l'eau, qui se refroidit au contact de l'argile sèche, médicinale, vendue dans le commerce, il ne s'agit pas de se brûler la peau non plus et l'argile doit reposer 20 mn avant usage, le temps de l'absorption complète de l'eau). Certaines crèmes hydratantes (pas trop grasses) à base de plantes calmantes sont aussi un peu efficace, mais moins que les remèdes précédents (peu honéreux, en plus).
Même chose pour les mains en ce qui concerne les poignets, une écharpe en bandoulière pouvant être utile pour éviter tout mouvement, ce qui est souvent irrépressible car la main est quand même la partie musculaire du corps la plus utilisée, après la langue et le cœur.
Vous pouvez aussi utiliser une bande de tissu pas trop serrée (pour que le sang circule bien) pour améliorer la régénération des tissus tendineux (rappelons que la température idéale pour le développement des cellules vivantes est 37 ° C).
Ne vous fiez pas seulement à la sensation de douleur, une fois de plus, ou alors soyez très attentif, sinon vous allez encore entrer dans un cercle vicieux où vous entretiendrez constamment votre état de tendinite, surtout si vous prenez des médicaments contre la douleur, ce que je déconseille formellement car, plus l'état de vos tendons sera critique plus il sera long et difficile de les amener à guérison. Un peu comme pour l'arthrite, il faut "couper l'herbe sous le pied" du mal naissant. C'est d'ailleurs un principe médical généralisable, même au niveau des infections ou autre cancer (ce qui est bon à savoir). Plus tôt on soigne une maladie, plus on a de chances de guérison, la difficulté étant ici de ne pas devenir hypochondriaque pour autant, ce qui implique une solide connaissance médicale, une bonne sensibilité et un certain "sang froid".
Je conseille un truc pour augmenter sa perception sensorielle de la douleur, qui s'appuie sur les flux hormonaux liés au sommeil. En effet, juste après le réveil ou juste avant le coucher, la sensibilité est accrue à cause d'une décharge d'adrénaline (hormone excitatrice). C'est donc un excellent moment pour prêter attention à ses douleurs physiques les plus imperceptibles. Si vous ne sentez plus de tendinite dans ces moments là, en concentrant toute votre attention sur le tendon concerné, dites vous que vous êtes guéri. Cette guérison peut parfois prendre plusieurs semaines si vous avez trop "tiré sur la corde" (sans mauvais jeu de mots). Des semaines pendant lesquelles il vous faudra arrêter toute activité de pratique musicale, aussi petite soit-elle, et où vous risquez fort de régresser sur le plan des réflexes et de la musculature (mais heureusement cela revient assez vite). Evitez une reprise trop brutale de l'activité après une longue période de repos.
Certains athlètes de très haut niveau (champions holympiques de saut en hauteur) ont réussi par un contrôle extrèmement pointu de l'effort sur les tendons (hyper progressif et doux) à les renforcer progressivement (sur plusieurs dizaine d'années de travail!). L'idée pour le sauteur est non pas de se propulser avec les muscles des jambes au moment du saut mais de transmettre l'énergie horizontale de la course d'élan en énergie verticale, en raidissant (contractant) les muscles de tout son corps comme une perche, et en faisant porter toute l'énergie (l'équivalent de plus d'une tonne) sur le talon (tendon d'Achille) d'un seul pied, qui est en contact avec le sol (inutile de préciser qu'un amateur qui se risque à cet exercice se foule automatiquement et dès le premier essai la cheville: ce n'est pas un geste naturel pour lequel notre corps est préparé). L'idée est de travailler l'haltérophilie avec un dosage très minutieux et une action lente surtout sans choc ou secousse, en augmentant un peu chaque jour le poids et le nombre de tractions. Il est donc, on le voit bien, totalement illusoire de penser que la simple exposition aux activités traumatisantes va renforcer les tendons (exemple double pédale de grosse caisse ou talon pointe à une vitesse et durée infernale). Je met aussi en garde les jeunes sur leur meilleure capacité à se régénérer: cela ne dure pas toute la vie (favorisé par l'hormone de croissance, cela s'arrête plus ou moins avec la fin de la croissance des os, vers 20 ans)! Alors ne gaspillez pas votre potentiel en créant des séquelles irrémédiables (fin de carrière assurée et plus jeune que vous pouvez le penser). Lire le chapitre "Arthrite" pour se prémunir des chocs vibratoires.
Enfin, lisez la partie sur les "Echauffements" , car la forte chaleur favorise l'inflammation, de même que le froid favorise les lésions.
Les entorses, claquages, ou foulures, sont des lésions des ligaments et tendons, dues à une distension violente de ces derniers. Il n'y a en principe aucune raison de se faire ce genre de blessure en jouant de la percussion, à moins de faire des gestes désordonnées et incroyablement violents, qui dénoteraient une incompétence et un manque de contrôle total.
Néanmoins, une tendinite persistante, à laquelle on s'habitue au lieu de se reposer pour guérir véritablement, peut certainement prédisposer dangereusement à ce genre d'accident (qui n'en est plus vraiment un, du coup). En effet, une lésion progressive des tissus tendineux par un usage trop intense et fréquent, peut mener à un état critique où plusieurs fibres de tendons vont rompre. Inutile de dire que leur cicatrisation risque d'être compliquée et douloureuse compte tenu de la tension inhérente à ce genre de tissu. Cet exemple devrait encourager à une attitude encore plus prudente vis à vis de la tendinite.
Les fourmillements sont des picotements dus à des écarts de pression brutaux au niveau des capillaires sanguins. Ils sont généralement provoqués par un changement de position et la compression d'une artère. Ces désagréments sont encouragés par une mauvaise circulation sanguine, le froid, la sédentarité. Ces symptômes anodins, facilement éliminés, ne sont pas à confondre avec les désagréments cités précédemment.
Les hématomes sont des percements et éclatement des capillaires sanguins, avec un écoulement de sang sous-cutané. Le sang coagule en quelques minutes voire secondes, pour éviter l'écoulement, mais la cicatrisation des vaisseaux est nettement plus longue (1 ou 2 jours, à condition de ne pas rouvrir les blessures en tapant à nouveau dessus). Heureusement, la couleur violette caractéristique du sang sous-oxygéné ainsi que la douleur au toucher, permet de voir facilement l'état de cette cicatrisation.
Les batteurs ont rarement ces problèmes car ils ne frappent pas directement avec une partie de leur corps contrairement aux percussionnistes digitaux (qui utilisent les doigts).
Ces derniers doivent se méfier de ce problème. Plus que la corne (excès de peau) ou les pansements utiliséspar certains, c'est véritablement encore la technique gestuelle qui résoudra au mieux ce problème, grâce à la précision et la précaution. En effet, tout le jeu consiste ici à éviter que les parties de peau directement en contact avec un os ne touche l'instrument. Or, les doigts ne sont qu'un réseau de nerfs, ligaments, tendons et os, les muscles contrôlant les doigts ne se trouvant qu'au niveau des avant-bras et de la paume pour le pouce et la paume. La solution est de frapper avec les parties charnues des doigts et de bien lever les pouces, qui ne peuvent frapper de face, là où se trouve les parties les plus charnues.
Les vaisseaux ont une bonne capacité de régénération contrairement au cartilages, tendons et nerfs, mais la pression qu'ils peuvent exercer sur ces mêmes organes en enflant (inflammation) sous les coups, contribue à les blesser encore davantage. Malheureusement c'est en partie inévitable si l'on veut jouer fort. Néanmoins, comme pour la batterie, un choix judicieux des endroits les plus résonants de la peau, l'utilisation du rebond de la main ou de la coordination de la frappe des doigts (unisson parfait des doigts) permet d'améliorer considérablement la puissance du son, sans frapper plus fort pour autant et donc, entraîner des blessures.
L'ampoule est une vésicule qui se forme par frottement et décollage de deux couches de cellules de la peau. Cette poche se remplit généralement d'eau (lymphe). Il n'y a pas grand chose à faire contre cela mis à part une fois de plus, prendre des précautions. Vous pouvez éventuellement percer cette vésicule avec une pointe désinfectée à l'alcool pour vider l'eau mais je déconseille de déchirer le morceau de peau décollé, il se "recolle" (cicatrise) généralement tout seul et sinon, vous aller avoir des nerfs "à vif" (pas très agréable).
De toute façon, après avoir eu une ampoule, se forme généralement un excès de peau à l'endroit de la cicatrice, en réaction, qui offrira une résistance importante aux frottements futurs (c'est ce qu'on appelle vulgairement la "corne"). Au pire, ajoutez un pansement en tissu collant à l'endroit de l'ampoule, pour la protéger tout en évitant d'avoir une surface trop lisse et glissante, ou avant même d'avoir l'ampoule (si vous prévoyez de jouer plus de 3 heures d'affilée, comme c'est souvent le cas lors de défilés et carnavals).
L'évanouissement ou étourdissement, est généralement du à une hypoglycémie, c'est-à-dire un manque de glucose dans le sang. La prise immédiate de sucres rapides (aliments ou boisson au goût sucré) suffit généralement à résoudre le problème dans l'instant (mais l'idéal est de s'en prémunir en mangeant un minimum avant et après l'effort). Si le problème persiste, voir rapidement un médecin (ce symptôme peut révéler des problèmes bien plus graves, comme le diabète, par exemple).
Ce désagrément peut aussi être lié à un dysfonctionnement de l'oreille interne, qui s'occupe également de la perception de l'horizontalité (un peu comme le niveau à bulle du maçon, des cils baignant dans un liquide). Le déséquilibre entraîne, on le sait, une sensation de vertige qui peut aller jusqu'à la nausée voire l'évanouissement (c'est le "mal de mer"). Cette fonction peut aussi être endommagée par une forte exposition sonore et la surdité, et entraîner des sensations de vertige non justifiées.
Marc de Douvan
© 2005 Marc de Douvan Crédits Mentions légales