Dizzy Gillespie, Machito and his orchestra
Chano Pozo fut le premier joueur de congas (cubain) à jouer avec des orchestres profanes (de jazz). Avant lui, cette musique était réservée à la Santeria, une interprétation cubaine du culte chrétien par les anciens esclaves exilés d’Afrique, empruntant aux croyances et aux musiques africaines (les dieux païens ont été remplacés par des saints, un peu comme au Brésil). Le jeu des congas ainsi que leur forme vient de l’ethnie Bantou du Congo (d’où leur nom). Chano, mourut prématurément (à 33 ans en 1948) assassiné dans les bas-fonds de New York, et la révélation et la profanation des secrets musicaux de la Santeria lui valurent de ne pas recevoir de sacrements à son enterrement. Ce destin tragique ne fait qu’ajouter à sa légende en lui conférant un caractère sacrificiel, presque christique (mort au même âge). Père véritable de tous les joueurs de congas, il est intéressant de noter qu’il s’adapta aux musiques très écrites des big-bands sans jamais apprendre le solfège : il faisait tout d’oreille et de mémoire (encore un point commun avec le christ) ! Il fut aussi le premier percussionniste a réintroduire les percussions et la musique traditionnelle africaines dans le jazz (sous l’impulsion du très avant-gardiste Dizzy Gillespie, en 1947), et à participer ainsi à la création du premier métissage culturel vraiment complet à mes yeux, entre musique européenne et africaine: le "latin jazz". Il a lui-même co-écrit plusieurs thèmes de jazz avec Dizzy, comme le célèbre « Manteca ».
Marc De Douvan, publication: 3 janvier 2006.
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