English: : Grands batteurs






Cours
Sélection de CD, DVD ou livre

Blakey Art

Musiciens ou groupes:

Dizzy Gillespie, Bud Powell, The Jazz Messengers, Thelonious Monk, Sony Rollins, Wayne Shorter, Miles Davis, Mac Coy Tyner, Freddie Hubbard, Benny Golson, Milt Jackson, John Lewis, Wynton Marsalis

Biographie et commentaire

At Blakey est un des inventeurs du Be-Bop (né en 1919, mort en 1990) et initiateur et chef de file du "hard bop" (version plus violente et africanisante (avec des rythmes syncopés), en réaction au "Cool-jazz"). Il était aussi un maître de la batterie militaire, il classisera le roulement serré crescendo pour ses intros de jazz. Il est aussi un des inventeurs de la batterie latine (Cuba, Brésil) avec "Papa" Jo Jones, Kenny Clarke et Max Roach, qui s'inspirent tous des rythmes des percussions traditionnelles (cloches de vache, congas, tamborim, etc.) mis à leur "sauce" (en côtoyant des percussionnistes émigrés à New York comme Chano Pozo). Parmi ses figures de cloche (jouées sur le dôme de la cymbale ride) on peut reconnaitre le "New-York Mozambique" de Steve Gadd ou de Elvin Jones, qui sont des "glissements" rythmiques du "Mozambique" cubain (appellé "Montuno" et qui ne vient pas du Mozambique), lui-même inspiré de rythmes carnavalesques cubains qui ne sont pas sans rappeler la samba du Brésil (tout proche). D'inspiration africaine, mais non pas directement africaine (à cause de la censure des colons américains "blancs"), cette recherche rythmique vers ses "origines", l'amènera à les observer directement en allant en Afrique (Ghana), mais Art Blakey n'y verra pas de correspondance avec ses connaissances issues de musiciens cubains (et encore moins américains), car les anciens esclaves afro-américains ne venaient pas forcément de colonies anglaises (bien que souvent déportés à partir de ports ghanéens, hollandais à l'époque de la "traite"), sans doute trop éloignées, mais bien souvent françaises (avec souvent des marchands et navigateurs portugais et parfois la complicité de "rois" africains (qui y voyaient une occasion de se débarrasser de rebelles ou rivaux) et plus tard des maîtres espagnols (Cuba) ou même arabes (etc.): personne n'est "blanc" dans cette malheureuse histoire de déportation et d'exploitation extrême de l'homme par l'homme, qui commença déjà avec la première colonie américaine de Christophe Colomb (italien), à une époque où l'aristocratie et les autorités religieuses doutaient encore de l'humanité des "Noirs", en Europe). Art a sans doute aussi sous-estimé l'extraordinaire variété culturelle rythmique et percussive africaine (et la capacité de certains déportés à jouer "en cachette", surtout aux Antilles et au Brésil), issue d'un système qui fut longtemps tribal et qui préservait donc des particularismes communautaires, surtout en art et notamment en musique, et ce, jusqu'aux instruments et la manière de les jouer. Art Blakey n'en est pas moins un "monument" de l'Histoire du jazz et de la batterie, qui fut et est reconnu par tous, aussi certainement pour la conviction de son jeu et ses partis pris osés (violence, répétitions, gestuelle virtuose, "chaos" de certains roulements (écouter l'introduction de "The drum thunder suite" de l'album "Moanin", de 1958), contrastant avec une technique classique européenne impeccable de la batterie militaire (solo de "Blues March" notamment), de puissantes et précises frappes des pieds, des accents et notes fantômes précises et contrastées, non sans subtilité, des jeux syncopés sur les toms d'une manière très africaine, etc.). Sans avoir la complexité de jeu de Max Roach, Roy Haynes, Buddy Rich, Kenny Clarke, Joe Morello ou d'Elvin Jones, ses contemporains, il avait la capacité de choix musicaux originaux allant à l'essentiel et d'une interprétation époustouflante de maîtrise et d'énergie, qui mérite bien le qualificatif de "Hard".

Marc De Douvan, publication: 3 janvier 2006.

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